478 pages, éditions Milady Grande Romance, à 16,50 €
« Il est parfois bien difficile de garder son calme et sa bienveillance lorsqu’on voit les mêmes visages et les mêmes erreurs sans cesse répétées. »
L’histoire se commence par un prologue très rapide, avec un rythme accéléré qui nous conte l’accident dramatique qui va être le fruit de cette histoire. Une fois se choquant prologue passé, nous découvrons enfin les protagonistes du livre plus en détails : tout d’abord il y a Louisa, jeune serveuse dans Le petit pain beurré, qui malheureusement, va perdre son emploi, après de nombreuses années à travailler au même endroit. Pendant qu’elle s’activera à chercher un nouveau travail, nous allons faire la connaissance de Will, un tétraplégique n’ayant plus le contrôle de ses jambes et de ses bras, devant se déplacer en fauteuil roulant, avec à chaque fois, des personnages l’aidant et le surveillant. Quand Louisa accepte ce job d' »aide-soignante » auprès de Will, elle ne s’attendait pas du tout à tout ce qui allait se dérouler ensuite. Car Will, si fort, sportif, athlétique et séducteur qu’il était, n’accepte pas son nouvel handicap. En essayant déjà de se suicider plusieurs fois, ses parents lui ont donnés un détail de 6 mois avant qu’ils réalisent son souhait le plus cher : celui d’être emmené en Suisse pour mourir. Secrètement, Louisa va donc devoir lui redonner goût à la vie, et essayait de le dissuader de la décision finale à laquelle il veut aboutir.
En lisant ce résumé, je suis sûre que vous avez sans doute relever quelques points communs avec le film Intouchables, sorti très récemment, ou plus explicitement avec le livre qui a découlé de ce film, Le second souffle de Philippe Pozzo di Borgo. Je n’ai pas lu ce dernier livre, mais le film comporte de nombreux points communs avec Avant toi (sauf que le film Intouchables contient bien plus d’humour qu’il n’y en a dans Avant toi…).
Si je ne devais écrire qu’un seul et unique mot désignant ce roman, je pense que ce serait le mot Bouleversant. Car bouleversant, il l’est, du début, à la toute dernière ligne.
Je vais m’attarder un peu plus longuement sur le comportement et le caractères des personnages, qui je pense, est un point central du récit, et doit être développé un peu plus qu’autre chose. Déjà, il n’y a pas vraiment de personnage principal : Louisa est la plupart du temps la narratrice de l’histoire, et on la suit dans sa vie le plus clair du temps, mais Will est au coeur même de l’histoire, et c’est sa petite vie qui génère tout le récit. Donc ces deux personnages sont tous les deux aussi important l’un que l’autre.
Parlons d’abord de Louisa, qui s’est avérée être petit bout de femme déterminée, positive, attentive et très compréhensive vis-à vis du handicap de Will. Même si au début elle montrait une certaine gêne le concernant, elle s’est très vite redue compte que Will était une personne faite comme tout le monde, mais que malheureusement, il lui manquait l’usage de ses membres. Plus qu’un travail qu’on lui a donné, Louisa prend à coeur de surveiller Will, de le sortir et le faire bouger le plus possible, pour qu’enfin il se rende compte que la vie est magnifique, et qu’elle vaut la peine d’être vécue.
Mais Will s’avère être quelqu’un de très têtu, buté et horriblement rancunier. Quand une idée lui vient à l’esprit, il est très difficile, voire quasiment impossible de l’en défaire. Il voit la vie en noire, du noir le plus obscur qu’il est possible de créer, et pense que sa vie est fichue, qu’elle s’est arrêtée le jour de son terrible accident.
Louisa va faire son maximum pour aider Will a sortir de son petit cercle obscur, et ce jeune homme va commencer à se prendre au jeu, et à suivre son « aide-soignante » dans toutes les aventures qu’elle lui propose. Outre son métier et la paie qui en découle, c’est une véritable histoire d’amitié que Louisa et Will nous montrent là. Ça aurait bien évidemment pu devenir une belle et grande histoire d’amour, si Will n’aurait pas continuer à demander à mourir.
Car sa mort était programmée depuis longtemps, depuis 6 mois très exactement. WIll avait passé un pacte avec ses parents, pour que celui-ci puisse rester en vie pendant encore 6 longs (mais courts en même temps) mois. (Bien sûr, comme expliqué plus tôt, le rôle de Louisa était de l’empêcher de mourir, et de lui montrer tous les plaisirs de la vie qu’un handicapé, même tétraplégique, peut encore faire).
La décision de Will concernant sa mort peut vous paraître choquante : il semble heureux, il a trouvé une amie, voire une amoureuse, ses parents sont très gentils avec lui, ses amis sont compréhensifs vis-à-vis de son handicap, sa famille à beaucoup d’argent, ce qui lui permet de faire tout un tas d’activité, qu’un valide aussi bien qu’un tétraplégique peut faire. Sa décision peut être qualifiée d’égoïste vis-à-vis de son entourage qui l’aime, qui croit en lui, et qui ne veut surtout pas le perdre. Mais sa décision était prise depuis bien longtemps, et vu sa force de détermination, WIll n’aurait certainement pas flanché (même si parfois, on pouvait imaginer qu’il le fasse).
Mais, en connaissant toutes les contraintes de Will au quotidien, on se rend vite compte qu’une vie comme la sienne n’est pas souhaitable. Tout d’abord, Will souffre du regard des autres sur son fauteuil roulant. Il doit être assisté dans tous les déplacements qu’il fait, mais aussi bien dans sa vie de tous les jours, ne pouvant pas manger tout seul. Jusque là, nous voyons bien que ces quelques inconvénients sont plutôt humiliants, et rabaissant, mais ce n’est pas tout… Chaque semaine, WIll doit allait à l’hôpital, car il est suivi par un médecin, son aide-soignant Nathan lui donner plusieurs dizaines de médicaments par jours, et le jeune Will tombe parfois dans de profondes maladies (pneumonies…). De plus, à cause de son fauteuil, sa température corporel n’est pas la même que tout être humain valide : il attrape très rapidement de la fièvre, ou au contraire, il peut devenir glacé d’un coup. Pour couronné tout ça, Will n’a aucune chance de guérison (et il le sait très bien). Il devra vivre toute sa vie dans ce fauteuil, privé de toutes les fonctions humaines normales, et en récoltant en plus la piété des gens autour de lui.
En lisant tout ce grand passage de contraintes liées à son handicap, on se rend vite compte que sa vie est vraiment horrible.
Dans ce roman, la mort volontaire est donc au coeur du récit, et on peut s’interroger sur la question du droit des personnages handicapés sur leur propre mort.
Un récit très émouvant, bouleversant au plus haut point, qui ne laissera personne indifférent. Il se lit tout seul, d’une seule traite, les pages défilent à un rythme fou, et les personnages sont très attachants.
Je n’ai retenu qu’un seul et unique inconvénient, que j’ai attendu durant tous le roman, mais qui n’est pas apparu. Comme j’ai cru comprendre que Will vivait, avant son handicap, une vie à cent à l’heure, qu’il voyageait beaucoup, et surtout, qu’il a fait pleins d’aventures extraordinaires, comme la monté du Kilimandjaro. J’avais très envie de voir Will vivre des aventures telles que celles de son ancienne vie. Il a été évoqué vers la fin du livre des sauts en parachutes et des sauts à l’élastique, mais malheureusement, ces quelques expéditions ont été annulées… dommage, j’aurais adoré découvrir ça !
Peut-être qu’un producteur de cinéma tombera lui aussi amoureux de cette histoire, et qu’il décidera d’en faire un film. Ce livre le mérite amplement, c’est un petit bijou, une perle rare, qui va déjà dû en émouvoir plus d’un.