À quoi rêvent les étoiles


À quoi rêvent les étoiles de Manon Fargetton

388 pages, éditions Gallimard jeunesse


Résumé : Ces liens qui nous unissent.

Ils sont cinq. Titouan reste cloîtré dans sa chambre, Alix ne pense qu’au théâtre, Luce est inconsolable depuis la mort de son mari, Gabrielle est incapable de s’engager de peur de perdre sa liberté tandis qu’Armand se consacre exclusivement à sa fille. Cinq personnages en quête de sens dont les destins s’entrelacent.


Extraits : « Le monde est petit.
Tout petit.
Il y a presque un siècle, un écrivain hongrois a imaginé dans l’une de ses nouvelles qu’une personne sur la planète peut être reliée à n’importe quelle autre par une chaîne de six relations individuelles. La « théorie des six degrés de séparation », il a appelé ça. Imaginez un instant, imaginez-vous, en train de tenir la main d’un proche ou même d’une vague connaissance qui elle-même tient la main d’un de ses amis que vous n’avez jamais croisé, et ainsi de suite jusqu’à former une chaîne de six personnes. On pourrait relier l’humanité entière, comme ça, à partir de vous. Quels que soient la famille ou le pays dans lesquels on est né, quel que soit le métier que l’on exerce, quels que soient nos rêves, nos peurs, nos fantasmes, que l’on passe notre vie sans bouger de notre village natal ou que l’on parcoure le monde, chacun d’entre nous peut être connecté à n’importe qui en six petites étapes, de personne à personne. »

« Et puis parfois, de nouvelles connexions se créent, qui raccourcissent soudain ces chaînes de relations, court-circuitant les intermédiaires. Des rencontres improbables qui peuvent bouleverser des vies entières. Hasard, destin, accident, chance, signe, noeud d’énergie, alignement de planètes… Appelez ça comme vous voulez.
Moi, j’appelle ça magie. »


Mon avis : Manon Fargetton est une auteure que j’avais eu le plaisir de découvrir à travers son roman Dix jours avant la fin du monde, une dystopie dynamique et rythmée, lue il y a quelques années maintenant, mais encore présente dans mon esprit.

Aujourd’hui, elle revient avec une nouvelle histoire totalement différente du roman cité précédemment : À quoi rêvent les étoiles, un récit touchant, empli d’émotions, qui apporte de nombreux questionnements sur des sujets variés : le deuil, la solitude, les relations parents-enfants, les sentiments amoureux… Plusieurs histoires s’entremêlent en une seule : nous suivons Luce, une vieille veuve qui vit recluse chez elle et ne trouve plus goût à la vie. Décidée à en finir, elle va écrire un dernier sms au numéro de téléphone qui appartenait à son mari… aujourd’hui réattribué à Titouan, un jeune homme mal dans sa peau, qui refuse de sortir de sa chambre pour affronter le monde extérieur. Sa seule échappatoire : ses jeux vidéos et son amitié virtuelle avec Lix. Lix, c’est une jeune fille passionnée de théâtre, mais étouffée par les attentions trop nombreuses que lui porte son père. Ce dernier est également attristé par la situation tendue qui s’est créée entre Lix et lui et cherche à tout prix à en comprendre les raisons et à réparer les choses.

J’ai beaucoup aimé l’imbrication presque logique de cette histoire. Nous suivons individuellement chacun des personnages, qui forment finalement une chaîne humaine, puisque leurs histoires font échos les unes aux autres ou du moins rejoignent l’histoire des autres personnages. L’incipit sur la théorie des six degrés de séparation est d’ailleurs choisie avec justesse pour présenter ce récit : selon le hongrois Frigyes Karinthy, toute personne dans le monde peut être reliée à n’importe qui, à travers une chaîne de relations individuelles comprenant seulement six maillons… une théorie plus que jamais d’actualité avec l’essor des technologies digitales, que met joliment en image Manon Fargetton à travers la métaphore des étoiles, qui, jointes l’une à l’autre, forment des constellations. Pour en revenir au roman, l’auteure souhaitait mettre en avant l’importance des liens humains, du contact et de l’interaction, qui ont des impacts évidents dans la vie de chacun.

J’ai beaucoup aimé les personnages, que j’ai trouvé fouillés, travaillés, affinés avec soin. C’est d’ailleurs pour cela qu’on se sent si proche d’eux et qu’ils arrivent à nous toucher autant. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Luce, vieille dame isolée suite à la mort de son mari, qui m’a émue à de nombreuses reprises. Sa correspondance avec Titouan est touchante : ce jeune garçon, qui refuse de sortir sa chambre, va aider l’ancienne pilote d’avions à renouer avec son passé, à l’accepter pour finalement voler de ses propres ailes.

Chaque personnage est différent, tant par leur caractère, leur âge, leur manière d’aborder la vie avec une vision totalement opposée. Le seul lien qui les unie : leur profonde solitude, qui se caractérise par un sentiment de mal-être intérieur qui les coupe peu à peu du monde. C’est d’une écriture pleine d’espoir et d’optimisme que Manon Fargetton aborde cette thématique douloureuse, qui touche bien plus de monde qu’il n’y paraît.


Un récit poétique, intime et plein d’espoir qui nous fait prendre conscience de l’importance des liens qui nous unissent aux autres. Une histoire pleine d’émotions, qui m’a émue. 

Ma note : 7,5/10

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ISBN : 978-2-07-514714-9

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Dix jours avant la fin du monde


Dix jours avant la fin du monde de Manon Fargetton

452 pages, éditions Gallimard jeunesse


Résumé : Deux lignes d’explosions ravagent la Terre. Nul n’en connaît l’origine mais, quand elles se rejoindront au large de notre côte atlantique, notre monde sera détruit. Sur les routes encombrées de fugitifs qui tentent en vain d’échapper au cataclysme, six hommes et femmes sont réunis par le destin. Ensemble, ils ont dix jours à vivre avant la fin du monde…


Extraits  « Commencer un livre, c’est avoir la responsabilité de le finir. »

« Les dialogues sont tellement plus beaux dans les fictions, débarrassés des banalités. »


Mon avisQue feriez-vous s’il en vous restait plus que dix jours à vivre ? Des explosions ravagent progressivement la surface de la Terre. Personne ne sait à quoi elles sont dues, la seule chose dont sont certains les scientifiques, c’est qu’elles vont détruire l’intégralité de la surface de la terre et des hommes. Dans dix jours, la vie humaine s’éteindra. Sur Terre, c’est le chaos. Les gens fuient, tentent de trouver un abri pour échapper à la catastrophe ou profitent des derniers jours qu’il leur reste à vivre. Nous suivrons particulièrement un groupe de personnes composé de Gwen et Sara, un couple atypique, Brahim, un chauffeur de taxi sans attaches, Valentin, un jeune garçon qui vient de perdre sa mère, Lili-Ann, une femme très attachée à sa famille et Béatrice, une courageuse force de l’ordre. Alors qu’ils ne se connaissaient pas, le hasard va les faire se rencontrer et poursuivre un bout de chemin ensemble.

Dix jours avant la fin du monde est une dystopie apocalyptique angoissante. Le compte a rebours est lancé : il ne reste plus que dix jours à la population humaine pour survivre. Pour ajouter une dose de tension supplémentaire, Manon Fargetton ajoute, à chaque début de chapitre, un décompte sous forme d’heures, qui montre le temps qu’il reste avant la fin complète de l’humanité. Effrayant…

L’histoire se construit avec une alternance à chaque chapitres des différents points de vue des protagonistes. Ainsi, cela donne une dynamique supplémentaire au récit et nous permet de se rapprocher plus étroitement de chacun des personnages.  De cette façon, j’ai réussi à tous les comprendre et les apprivoiser, en quelque sorte, et à voir leurs différentes réactions face à la catastrophe approchante. Tous à leur manière ont su me toucher : Brahim et son grand coeur, Lili-Ann et son amour pour sa famille, Valentin et sa manière de cacher ses sentiments, Gwen, son amour pour la littérature et son côté tête en l’air, Béatrice, avec son courage, sa détermination et son envie d’aider les autres…

Nous assistons, avec effroi, aux actions et décisions stupéfiantes des personnes soumises à la fin du monde. La civilisation humaine, mue par sa peur et sa soif de vivre, souhaite profiter des derniers instants qu’il leur reste à vivre. On ne reconnaît pas l’Homme tel qu’il est dans la société moderne, rabaissé au rang d’animal sauvage et primitif, pris au piège de la situation terrestre. Heureusement que d’autres personnes, comme certains membres de la bande, gardent leur sang-froid et leur éducation face à la catastrophe naturelle qui va sévir.

C’est vraiment un récit prenant et addictif. Chaque fin de chapitre donne envie d’en commencer un nouveau, tant et si bien que j’aie dû lire ce livre en deux jours seulement.

Malheureusement, j’ai trouvé le dénouement du livre un peu abrupte et pas assez clair. Manon Fargetton nous laisse dans le flou, un peu à bout de souffle après avoir découvert l’ensemble de l’histoire. J’espère sincèrement qu’une suite est prévue, et que sa sortie est prévue dans peu de temps. Si c’est le cas, je serai l’une des premières à me ruer dessus pour l’acheter !


Une dystopie bien construite, dynamique, avec des personnages attachants et originaux. Je ne serais pas surprise si j’apprenais dans quelques années que ce livre a été adapté au cinéma…!

Ma note : 8,5/10

 

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