
504 pages, éditions GF – Flammarion, à 9€
Résumé : Personne ne peut damer le pion à Renart. Renart dore la pilule à tout le monde, Renart enjôle, Renart cajole, Renart n’est pas un modèle à suivre. Personne, fut-il son ami, ne le quitte indemne, Renart est plein de sagesse et d’habileté, et aussi de discrétion. Mais en ce bas monde personne n’est assez sage pour être à l’abri d’une folie.
c’est qu’il aura été un habile orateur ;
s’il s’en sort indemne,
c’est qu’il sait faire une omelette sans casser les oeufs. »
« Par Dieu, seigneur, dit Renart,
vous savez bien qu’il est nécessaire de recourir
à la ruse et à l’astuce
lorsque la fore se révèle inefficace.«
Mon avis : Le Roman de Renart, c’est une oeuvre médiévale mettant en scène des animaux, qui critique, de façon imagée, les paysans et autres vilains de l’époque féodale.
Renart est rusé. Pour acquérir de la nourriture ou pour satisfaire ses besoins, il n’hésite pas à nuire, sans scrupules, aux autres animaux. Rapidement, Ysengrin, le loup, devient son ennemi juré. Renart couche avec sa femme, lui vole de la nourriture et lui fait subir mille et une péripéties. Bien d’autres animaux subissent la méchanceté de Renart : le chat Tibert, Chantecler le Coq, Pinte la poule… personne n’échappe à Renart ! Tous les animaux sont effrayés par ce dernier et s’en remettent au roi pour les venger. Le roi, arrivera-t-il à redresser son royaume en y faisant régner l’ordre et le respect ?
Ce roman, écrit par plusieurs mains de moines en Ancien français, contient plusieurs nouvelles qui tournent toutes autour du personnage de Renart et de ses méfaits. A n’en pas douter, Renart est quelqu’un de rusé. Il est doté d’une extrême intelligence qui lui permet de berner son monde.
La personnification des animaux est une pratique très courante, puisque Jean de la Fontaine a lui aussi placé des animaux comme protagonistes de ses Fables. Cette humanisation des animaux permet de soulever les réelles caractéristiques et personnalités des hommes. De plus, cela permettait de faire une critique camouflée des différents vices qui sévissaient à cette époque.
De ce fait, c’est une critique sociale qui ressort de ce roman. Renart peut être assimilé à un homme noble de l’époque médiévale, car rusé et libre de ses mouvements, il blesse et tue sans vergogne les autres animaux, comme s’il se trouvait dans un simple jeu. Quant à la grande majorité des autres animaux, ils peuvent correspondre aux vilains et aux paysans de l’époque ; avec peu de logique et une grande insouciance. Les femmes, elles, sont vues comme des courtisanes qui ne deviennent utiles que pour le sexe. Dame Hersant, la femme de Ysengrin, qui le trompe impunément avec Renart, en est le parfait exemple. Nous avons donc une gradation des statuts sociaux, avec, en bas de l’échelle, les dames de petites vertues, présentées dans un style brut, qui peut choquer certains lecteurs (la description de scènes de sexe est faite de manière crue et violente… surprenant pour l’époque !). Nous avons ensuite les paysans un peu nigauds, qui se laissent berner par Renart, le noble suprême.
En plus d’être drôle, Le Roman de Renart fait la satire des moeurs de l’époque médiévale. Dans ce livre empli de tromperies, vous verrez que les sentiments n’y ont pas leur place : Renart semble dénué d’affects, obnibulé par sa propre personne, il ne pense qu’à s’amuser, quitte à blesser les autres. Un témoignage historique divertissant, que j’ai apprécié découvrir.