On se retrouvera

On se retrouvera de Laëtitia Milot.
334 pages, éditions Fayard, à 19 €

 

Résumé : Avant de mourir, la mère de Margot lui révèle un terrible secret, enfoui depuis trente ans : une nuit, sur la route alors qu’elle rentrait chez elle à pied, elle a été violée par quatre hommes et laissée pour morte dans la garrigue. Puis elle a donné la vie à un enfant. Cet enfant, c’est Margot. Hantée par le deuil et cette révélation, Margot n’a plus qu’une chose en tête : comprendre, pour se reconstruire. Elle se lance dans une quête de ses origines, en remontant le passé. Un chemin douloureux et dangereux qui fait surgir le doute, le mensonge et la mort. Mais rien ne peut la retenir. Ni l’amour fou de Gabriel, ni Alice son mie, ni même son psy, Tavernel. Car Margot n’a rien dit. En silence, elle prépare sa vengeance.

Extraits :  « Verbaliser sa souffrance ne la ferait pas disparaître, au contraire : ça ne la rendrait que plus palpable, et donc plus encombrante. »
« Perdre une amie de trente ans, c’est perdre un peu de soi. »

Mon avis : Laëtitia Milot, plus connue sous le nom de Mélanie Rinato (personnage qu’elle incarne depuis de nombreuses années dans Plus Belle la Vie), s’est lancée dans l’écriture d’un premier roman, qui est sorti il y a peu aux éditions Fayard.

Laëtitia Milot nous raconte l’histoire d’une jeune femme d’une trentaine d’années, qui, un soir, au détour d’une rue, alors qu’elle rentrait chez elle, est venue en aide à une jeune fille, qui fuyait une voiture. Malheureusement pour cette femme, du nom de Christiane Langer, les personnages présentes dans la voiture, 4 hommes ainsi qu’une femme, sont venus l’accoster… et l’ont violés tour à tour. Trente années après, nous retrouvons Christiane sur un lit d’hôpital, en phase terminale d’une maladie. Elle avoue à sa fille de 30 ans qu’elle est le fruit du viol. Sous le choc, Margot Langer ne pense plus qu’à une chose : venger sa mère, et faire payer aux violeurs tout le mal qu’ils ont pu prodiguer trente années auparavant à sa mère.

Le premier chapitre du livre est, à mon avis, le mieux réussi du roman.
Dans un premier temps, c’est celui qui comporte le plus de scènes d’action. Puis, il est tellement réaliste et bien écrit que le lecteur semble vivre réellement la scène. Enfin, c’est à l’intérieur de celui-ci que l’on perçoit le plus de sensations et de sentiments ; on perçoit la peur, l’effroi et la panique de la jeune femme, et le plaisir ainsi que l’amusement dont font preuve les violeurs. Le lecteur, quant à lui est écœuré par cette scène, mais il ressent également de la haine vis-à-vis de l’action qui est en train de se passer.
Grâce à ce chapitre, Laëtitia Milot arrive à captiver le lecteur, et place en même dans la barre très haute ; il faut que la suite de l’histoire soit à la hauteur de cet avant-goût.

Hélas ! même si les premiers chapitres suivants cette scène d’exposition sont relativement attrayants et brillamment écrit, le rythme de l’écriture du texte ne va pas tarder à flancher…

On retrouve Margot Langer dans son rôle « d’enquêtrice », à la recherche des violeurs de sa mère. Elle a à coeur de les retrouver, pour leur faire payer leurs fautes. Elle se lance donc à corps perdu dans cette investigation, cachant à tous ses proches ce secret, qu’elle garde au fond d’elle.

Durant toutes les pages où l’héroïne recherche les coupables, il s’en dégage une impression de lenteur et de répétition. L’enquête s’étend en longueur, elle devient rapidement ennuyeuse.

Les quelques actions disséminées dans le récit, tels que les meurtres des violeurs qu’elle a pu retrouver, manquent cruellement de réalisme. Laëtitia Milot ne s’attarde pas sur les détails, et la façon de les raconter paraît simpliste et superficielle.

Heureusement, notre protagoniste retrouve tous les coupables de l’agression de sa mère. Même si les premières identités révélées ne nous faisait ni chaud ni froid, les deux derniers ont été une grande surprise. Ces rebondissements finals, aussi inattendus que surprenants, ferment la boucle de l’énigme des violeurs.

Margot Langer ne ressort pas vaine de cette aventure, car elle trouve entre-temps l’amour, dans les bras de Gabriel, qu’elle a rencontrée lors d’un séjour à l’hôpital. Une drôle de rencontre, qui là encore, manque de réalisme.

Dans ce premier roman, Laëtitia Milot s’est approchée d’un thème cru et aussi horrible qu’il est terrifiant : le viol. Dans son premier chapitre (le plus important, selon moi), elle raconte avec minutie toutes les étapes qui engendre le viol. Puis, dans tout le reste du roman, elle essaie d’expliquer les conséquences qui découlent de cette monstruosité. Ce thème aurait pu être plus approfondi, plus creusé… l’auteure ne se mouille pas trop et préfère rester à la surface, sans chercher à attiser les émotions des lecteurs.

En parlant d’émotions, mes sentiments concernant ce roman sont assez mitigés. D’un côté, je ne reste pas insensible à l’horreur de cette violence et à la détermination de la fille de la victime à chercher les coupables. Mais d’un autre côté, je ne me suis pas attaché à l’héroïne (ni aux personnages secondaires), je suis resté de marbre face à l’attitude de Margot.

Je mets néanmoins la moyenne à ce livre pour encourager Laëtitia Milot, qui se lance dans un vrai Métier, qui ne s’invente pas. Le livre en général était plaisant à lire, mais les nombreuses répétitions, le manque de réalisme et la lenteur du récit ne m’ont pas permit d’apprécier au mieux cette lecture.

 

Ma note : 5/10