Coule la Seine


Coule la Seine de Fred Vargas
123 pages, éditions J’ai Lu


Résumé : « Ton collègue blond est assez emmerdant mais je l’aime bien, et puis il est généreux. Il se pose des questions sans fond, il s’inquiète et ça fait le bruit des vagues. Toi en revanche, tu fais le bruit du vent. Ça se voit à ta manière de marcher, tu suis ton souffle. Ton ami blond voit une flaque. Il s’arrête, examine la chose et il la contourne, il prépare bien son affaire.
Toi, tu ne vois même pas cette flaque mais tu passes à côté sans le savoir, au flair. Tu piges ? T’es comme un magicien… »
Il a raison ce clochard, le commissaire Adamsberg est un véritable magicien. Trois nouvelles pour le prouver, trois enquêtes du commissaire, à Paris, là où coule la Seine.


Extraits : « Aussi, si les gens ne faisaient pas toute une histoire de Noël, il y aurait moins de tragédies. Ils sont déçus, les gens, forcément. Et ça fait des drames. »

« Impossible d’aller se réfugier dans le métro, il aurait fallu abandonner le chariot en surface. C’est comme ça, quand on a un animal, cela demande des sacrifices. »


Mon avis : Deuxième essai avec un Fred Vargas. Le premier polar que j’avais découvert de l’auteure, Un peu plus loin sur la droite, m’avait plût, sans pour autant être exceptionnel et inoubliable. Je ressens exactement la même chose en refermant Coule la Seine, avec en plus, un sentiment de trop peu et d’inabouti.

Le livre se découpe en trois nouvelles, dont les principaux protagonistes restent identiques. Il s’agit de l’inspecteur Adamsberg, un commissaire chevronné et son second, le lieutenant de police Danglard. A deux, ils vont tenter d’élucider trois enquêtes bien étranges. La première se trouve face au commissariat : un homme a élu domicile sur un banc et il se contente de venir s’asseoir quotidiennement avec son lampadaire et son porte-manteau en regardant les portes du commissariat. Une attitude intrigante, qui doit forcément cacher quelques sombres secrets.

La deuxième nouvelle se passe le jour de Noël. Adamsberg et Danglard sont de permanence et attendent avec impatience le crime de ce jour de fête. Car Adamsberg en est persuadé : « si les gens ne faisaient pas toute une histoire de Noël, il y aurait moins de tragédies. Ils sont déçus, les gens, forcément. Et ça fait des drames. »

Enfin, la dernière nouvelle met en scène un sans-abri, vendeur d’éponges, témoin d’une grave agression. Le commissaire Adamsberg devra user de stratagèmes pour faire desserrer les mâchoires à cet homme, qui n’a plus rien à attendre de la vie.

De prime abord, les trois nouvelles sont plutôt noires, avec des personnages désespérés, rebuts de la société, qui n’ont plus rien à perdre, sinon leur vie. D’abord totalement transparent, ils se retrouvent parachutés sur le devant de la scène et deviennent des personnages essentiels pour élucider ces affaires. On les considère, on les écoute, ils ne sont plus que simples spectateurs, mais bien acteurs de leur destinée.

J’ai apprécié l’ambiance générale des nouvelles, leur originalité, mais aussi le caractère et la bonhomie des deux enquêteurs. Malgré la gravité de certains crimes, ils restent maîtres de leurs émotions, rationnels, patients et font preuve de beaucoup d’humour, notamment via leurs interactions avec les témoins des affaires. J’ai également apprécié les illustrations en noir et blanc qui égrènent l’ouvrage. Certes, elles sont d’un autre temps, mais elles viennent donner un peu plus de vie et de réalisme aux nouvelles.

Les seules ombres au tableau – et pas des moindres –, c’est l’écriture passée et vieillissante des nouvelles et le caractère trop peu développé de ces dernières. On prend du plaisir à les découvrir, mais une fois terminées, elles s’effacent instantanément de notre mémoire. Ce qui conduit parfois à des frustrations de ne pas avoir découvert assez de tels personnages, ou de ne pas avoir compris les raisons de tels actes.


Trois nouvelles policières sympathiques à découvrir, mais trop peu développées et donc vite oubliées. Certainement pas le meilleur livre de Fred Vargas, mais ça reste agréable à lire.

Ma note : 6/10

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ISBN : 2-290-33797-8

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Un peu plus loin sur la droite


Un peu plus loin sur la droite de Fred Vargas

253 pages, éditions J’ai Lu, à 5,80€


Résumé : En planque sous les fenêtres de l’appartement du neveu d’un député, place de la Contrescarpe, Kehlweiler avise soudain une drôle de chose sur la grille d’un arbre. Un petit déchet blanchâtre au milieu d’excréments canins. Pas de doute, c’est un os. Et même un os humain… Naturellement, lorsque Kehlweiler apporte sa trouvaille au commissariat du 5e arrondissement, les flics lui rient au nez. Mais ce petit bout d’os l’obsède tellement qu’il abandonne ses filatures parisiennes et suit une piste jusqu’à Port-Nicolas, un village perdu au bout de la Bretagne. Là vit un pit-bull. Une sale bête, qui avalerait n’importe quoi. Y compris un bout de cadavre. Reste à trouver le cadavre. Et l’assassin…


Extraits : « – C’est pas facile d’écrire une lettre chic quand on se tire.
– Pourquoi pas ? Il n’y a qu’à parler au lieu d’écrire. »

« Quand un minable est amoureux, cela se repère, et quand un assassin est satisfait, cela se lit sur tout son corps. Le lendemain, la police est dessus, et c’est terminé. Pour tuer, il faut être autre chose qu’un minable, c’est le secret des choses. »


Mon avis : C’est la première fois que je m’aventure à lire un Fred Vargas. Pour celles et ceux qui ne le savent pas, c’est une auteure française de polars au succès mondiaux, qui a reçu de très nombreux prix littéraires pour ses écrits. Je me suis lancé dans Un peu plus loin sur la droite, sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Et bien je dois dire que c’est un polar bien construit, doté d’une logique imparable et d’un suspense à tout épreuve qui nous retourne la tête et nous tient en haleine jusqu’à la fin.

Louis Kehlweiler, ancien du Ministère de l’Intérieur, découvre un os accroché sur une grille d’arbre en plein Paris. Il en est certain, cet os est un humain. Accompagné de Marc Vandoosler, un jeune historien un peu paumé, ils vont lancer leur propre enquête, qui les mèneront à Port-Nicholas, un petit village de Bretagne. De rencontres en rencontres, ils vont remonter la piste de cet os et tenter de mettre à jour ce mystère.

Louis Kehlweiler, notre protagoniste, est un homme très mystérieux, qui semble être à la fois excentrique, mais aussi posé et réfléchi. Ainsi, vous pourrez le croiser accompagné de Bufo, son fidèle crapaud de compagnie, mais prenez-le au sérieux, puisque son pedigree et son sens du discernement pourraient vous surprendre. Il ne se dévoile pas facilement, nous laissant imaginer, fouiller et décortiquer ses actes pour pouvoir bâtir notre propre avis sur sa personnalité. Bien qu’il soit assez déstabilisant au début, j’ai bien aimé l’excentricité de son personnage et serais curieuse de le retrouver dans d’autres enquêtes de l’auteure.

En outre, il semblerait que ce roman fasse échos à des histoires antérieures écrites par l’auteure. Ainsi, certaines petites anecdotes m’ont déstabilisées, puisque n’ayant pas lu les précédents ouvrages, je n’ai pas pu prendre la mesure de celles-ci. Je vous rassure, ça n’a pas gêné outre mesure ma l’avancée de ma lecture, mais j’avoue que j’aurais été curieuse de comprendre pleinement toutes les allusions faites par Fred Vargas.


Un bon polar, au suspense bien mené, plein de rebondissements et d’effets de surprises, mais qui s’oublie malheureusement trop rapidement.

Ma note : 6,5/10

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