Huit battements d’ailes


Huit battements d’ailes de Laura Trompette
317 pages, éditions Charleston, à 18€


Résumé : Huit femmes. Huit destins. Une journée.

Elles sont huit Parmi elles, une conductrice de poids lourd sur les routes de France, la porte parole de la Maison Blanche, une prisonnière en Chine ou encore une orpheline en Inde. À priori, tout les sépare Et pourtant, en l’espace de 24 heures, ce 24 avril 2020 où le monde semble s’être mis à l’arrêt, leurs destins vont se rejoindre et leurs vies irrémédiablement se lier.


Extraits : « L’indifférence tue, elle l’a vu dans des campagnes de prévention. Chaque année, les féminicides continuent sans que les mentalités n’évoluent. »

« Toutes deux ont convenu que la peur, c’est souvent irrationnel. Il en va donc de même pour les comportements qui en découlent. L’humain craint ce qu’il ne connaît pas et ce qui ne lui ressemble pas. C’est comme ça. »


Mon avis : L’année dernière, j’avais lu La révérence de l’éléphant de Laura Trompette, un roman dépaysant, solaire, que j’avais particulièrement adoré. J’ai donc sauté sur son dernier livre : Huit battements d’ailes, un récit très différent du précédent.

Nous rencontrons huit femmes, aux quotidiens totalement disparates, qui vivent aux quatre coins du monde. Ce qui les lie ? La crise sanitaire, qui oblige à des mesures de protections strictes, dont le confinement. Dans ce cadre, ces huit femmes, infirmière, chauffeuse poids-lourds, artiste, grand-mère… vivent cette période compliquée avec beaucoup de difficultés. L’une est victime de violences conjugales, l’autre d’isolement, une autre de rejet… La pandémie touche l’ensemble de la planète, parfois dans des propensions que l’on était loin d’imaginer.

Huit battements d’ailes est un livre fort, qui trouvera encore plus échos parmi toutes les femmes du XXIème siècle qui ont vécues une situation similaire. On ne peut qu’être ému et compatir aux sorts de ces femmes, courageuses et combattantes, qui subissent les aléas du quotidien, accentués par la crise sanitaire inattendue et terrifiante. 

Le confinement a notamment eu pour conséquence l’intensification des violences conjugales et intrafamiliales pour les femmes déjà accompagnées et a généré de nombreuses nouvelles demandes d’accompagnement. C’est sans doute l’un des sujets les plus percutants de ce livre. En 2020, les appels entrants au 3919, le numéro d’aide aux femmes victimes de violences, ont augmenté de 70%, avec un pic lors des mois d’avril et mai, puis un second dès le début de la mise en place du couvre-feu, en octobre. Dans Huit battements d’ailes, une femme est victime de violences physiques et verbales par son compagnon alcoolique, qui a été obligé de fermer son commerce durant le confinement. Esseulée, solitaire, repliée sur elle, elle ne peut se défendre seule. Sa voisine, victime muette de l’enfer de cette femme, tente de contacter les services de police puis les associations d’accompagnement, afin de réussir à aider cette femme dans le besoin. Un combat difficile, où le temps est compté. En 2020, 125 personnes sont décédées suite à des violences conjugales, dont 102 femmes.

Dans un autre contexte, on peut retrouver une autre femme, courageuse et dynamique, elle casse les codes en exerçant le métier de chauffeuse poids-lourds. Encore en activité même en temps de confinement, elle retrouve un beau matin une passagère dans son camion, qui cherche à rejoindre clandestinement l’Espagne pour améliorer ses conditions de vie et tenter de retrouver sa famille. Une chaîne de solidarité féminine va se mettre en place, puisque la chauffeuse va contacter une association, gérée par une infirmière espagnole, professionnellement touchée par le COVID et la mort, qui va néanmoins accepter d’héberger la clandestine, malgré tous les dangers, sanitaires, sécuritaires et judiciaires, auxquels elle s’expose. Un bel acte de bravoure et de solidarité pour sauver une vie humaine.

Enfin, dans Huit battements d’ailes, on voyage également en Inde, dans un orphelinat où un petit garçon, enfin adopté par une chanteuse anglaise à la renommée mondiale, attend désespérément que ses parents viennent le chercher. Mais la procédure d’adoption est mise à l’arrêt en raison de la pandémie mondiale ; une manière de profiter plus longuement des derniers instants avec son amie, dont il ne veut pas être séparée. On part aussi en Italie, au balcon d’une vieille dame, isolée de sa famille, mais heureuse de partager chaque soir des moments de chants à la fenêtre de son balcon. Enfin, on finit notre voyage en Chine, où des ours, jusqu’alors enfermé dans des cages à titre d’expérimentation, vont être libérés pour retrouver une vie décente.

Autant de récits de vie qui s’entremêlent pour former une belle et émouvante histoire, qui nous emporte dans un tour du monde incroyable. Certaines histoires sont dures, autant à vivre qu’à lire, mais elles doivent permettre de nous faire prendre conscience du comportement de certaines personnes et de réfléchir à la façon dont nous pourrions intervenir dans des situations compliquées. Un roman intense et juste, qui dénonce et met en lumière des thématiques qui ont été accentuées avec la période du confinement.


Un récit composé de huit voix de femmes du monde entier, qui vivent le confinement de manière totalement différentes. Violences conjugales, maltraitance animale, droit des femmes… une histoire humaine aux multiples émotions, qui transmet de belles valeurs d’entraide et de solidarité.

Ma note : 8/10

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ISBN : 978-2-36812-728-5

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La révérence de l’éléphant


La révérence de l’éléphant de Laura Trompette
374 pages, éditions Charleston, à 19€


Résumé : « UN VOYAGE DÉPAYSANT EN TANZANIE
Tout le monde devrait mourir ainsi. Entourée d’amour, sous un ciel clément, dans un jardin, avec un petit singe qui traîne pas loin. Mourir au coeur de la vie, avec délicatesse. Éteindre la douleur au moment opportun. Avoir le choix, le contrôle de l’interrupteur. Marguerite est comme l’Eléphant de Tanzanie : dans son ehpad cannois, elle sent que son monde rétrécit. Elle veut tirer sa révérence, mais en France, ce choix ne lui appartient pas. Alors elle entend bien mourir ailleurs, dans la dignité. Avant cela, elle a une dernière tâche à accomplir : redonner goût à l’amour à Emmanuel. Son petit-fils, photographe animalier en Tanzanie, lui semble plus préoccupé par le sort des éléphants d’Afrique que par la solitude dans laquelle il s’est enfermé. La solitude, c’est aussi le lot de Roxanne, depuis qu’elle a abandonné sa carrière de joueuse de poker pour trouver un sens à sa vie. Son arrivée dans la maison de retraite de Marguerite va bousculer leur destin. A travers trois générations et deux continents, un roman qui aborde comme une valse à trois temps, le choix de mourir, la disparition des éléphants d’Afrique et la renaissance du sentiment amoureux. »

Laura Trompette écrit depuis son enfance, cumule 250.000 lectures sur Wattpad et a publié 7 romans. Elle a notamment écrit C’est toi le chat et Asphyxie


Extraits : « On dit souvent que la seule chose qui permet de se remettre d’un échec, c’est une victoire. »

« Pour lui, l’amour, c’est une évidence qui rapproche les chairs, lie les âmes et dessine des plans. L’amour, qu’il n’a pas éprouvé depuis une éternité dans son sens charnel, représente une forme d’absolu. Il ne mérite pas d’être confondu avec la praticité, la convenance ou la peur d’être seul. Ce serait trahir le souvenir de ce qu’il signifie vraiment. »


Mon avis : La révérence des éléphants est un récit en trois voix. Nous suivons d’abord Marguerite, vieille dame solitaire, habitante d’un ehpad dans le sud de la France. Après avoir vu mourir une grande partie de ses proches, Marguerite souhaite à son tour faire le chemin vers le bout du tunnel. Elle souhaite pouvoir choisir l’heure et le lieu de sa mort prochaine. Une idée qui ne réjouie pas son petit-fils Emmanuel, photographe animalier en Tanzanie. Sans femme ni enfant, sans mère, morte en couche, sans père, parti avant sa naissance, ne lui reste plus que sa grand-mère, Marguerite. Imaginer la vie sans elle le terrifie. À côté de ça, Emmanuel doit venir en aide aux populations rurales de Tanzanie et surtout, faire face aux sorts des éléphants d’Afrique, dévastés par le braconnage illégal et le commerce de l’ivoire. Enfin, troisième et dernière voix de l’histoire : Roxanne, une jeune femme dynamique, ancienne joueuse de poker, qui décide de donner de son temps, de son énergie et de son argent, à des causes qui lui tiennent à coeur. Après le décès d’Hélène, sa grand-mère, elle se rend à l’ehpad qui a abrité ses derniers jours et fait la rencontre de Marguerite, cette grand-mère de substitution au grand coeur.

C’est donc un récit transverse, qui laisse place à trois narrateurs bien différents, avec des valeurs communes : la générosité, la solidarité, le courage, la force d’esprit. On ressent beaucoup d’amour et de tendresse entre l’ensemble des personnages. Que ce soit l’amour familial qui unie Marguerite et Emmanuel, l’amitié entre Marguerite et Roxanne ou la relation spéciale qui lie Roxanne et Emmanuel, les sentiments sont pudiques, mais sincères et vrais. Ce sont trois bonnes personnes, très attachantes, qui ont chacune la main sur le coeur, beaucoup à donner et à transmettre.

En pleine période de crise sanitaire, cette dose de solidarité est vraiment agréable à lire. De même, privés de voyage, de liberté et d’évasion, les péripéties africaines d’Emmanuel m’ont comblées de joie. Ça a été un réel plaisir de l’accompagner dans le désert Tanzanien, à la poursuite des animaux sauvages, ou simplement dans des villages reculés d’Afrique, où les populations se contentent de peu de choses. C’est une vraie bouffée d’oxygène en ces temps d’asphyxie.

Les paysages sont grandioses et font rêver. Les parallèles entre le quotidien africain d’Emmanuel et la vie cannoise de Marguerite et Roxanne sont assez brutales, mais contribuent à dépayser totalement le lecteur en quelques pages à peine. Une téléportation éphémère, mais bienfaitrice. À ce que j’ai cru comprendre, Laura Trompette a eu la chance de pouvoir se rendre plusieurs fois dans ce magnifique pays ; cette dernière retranscrit avec délicatesse et sensibilité les somptueux paysages qu’elle a pu admirer lors de ses pérégrinations. Des descriptions qui collent donc au plus près de la réalité tanzanienne, pour mon plus grand plaisir. De quoi donner des idées de voyages aux plus aventureux, une fois cette dure crise sanitaire passée.

L’auteure en profite pour sensibiliser ses lecteurs à la surpopulation africaine (les populations ayant que peu de moyens de contraception), à leur manque de confort, d’accès à l’eau et plus que tout, à leur accès minime à l’éducation. Héloïse, l’une des protagonistes, oeuvre pour apporter connaissances, savoirs et matériaux essentiels à l’apprentissage scolaire des jeunes enfants africains.

Le braconnage est également abondamment mis en avant, que ce soit le commerce illégal d’ivoire, les populations d’éléphants menacés d’extension, ou toutes autres espèces d’animaux sauvages. Des pratiques dangereuses et interdites, qui dérèglent la nature et attentent à la survie des espèces sauvages.

Outre ce somptueux décor africain, l’auteur nous plonge en plein dans la triste réalité qui sévit au quotidien dans les ehpad français. Malgré toute la bonne volonté des aides-soignants, qui viennent aider et épauler quotidiennement les personnages âgées, ces établissements n’en restent pas moins des mouroirs pour vieux, qui attendent avec ennuie l’heure de leur mort. L’année dernière, j’ai lu Si belles en ce mouroir de Marie Laborde, un livre dur mais empreint de réalisme sur les conditions de vie des personnages âgées en ehpad et les difficultés sanitaires et sociales du personnel soignant. Une lecture qui peut venir approfondir cette thématique, devenue encore plus délicate avec la crise sanitaire actuelle.

L’auteure aborde avec simplicité et solennité le sujet du choix de la fin de sa vie, autrement dit, de l’euthanasie. Marguerite souhaite mourir, mais les lois françaises l’en empêchent. Ne lui reste que le choix du suicide. Une décision mûrement réfléchie, que beaucoup de comprennent pas. Mais Marguerite en est sûre : elle ne souhaite pas dépérir progressivement, mais veut une mort digne et belle. Une décision admirable, qui démontre le tempérament téméraire et la force d’esprit de notre protagoniste !


Une lecture dépaysante, rafraîchissante et solaire, qui nous fait voyager au coeur de la Tanzanie, aux côtés de trois protagonistes très attachants, tout en proposant un voyage intérieur intéressant et bienveillant. Une jolie découverte ! 

Ma note : 8,5/10

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ISBN : 978-2-36812-604-2

Elizas


Elizas de Sara Shepard
427 pages, éditions Charleston, à 22,50€


Résumé : Une jeune femme, belle et fragile, un luxueux hôtel hollywoodien et un dangereux mélange d’alcools forts et de médicaments… Quand Eliza Fontaine, jeune auteure à succès, se réveille dans une chambre d’hôpital, il lui suffit d’un regard à ses proches pour comprendre qu’on la soupçonne d’une nouvelle tentative de suicide. N’a-t-elle pas été retrouvée ivre morte au fond d’une piscine alors qu’elle ne sait pas nager ? Pourtant, Eliza en a la certitude, cette fois, c’est différent. Ses souvenirs sont flous, sa mémoire se dérobe, mais elle se souvient d’une voix, d’un rire… Uniquement armée du roman qu’elle vient de terminer, et dans lequel semblent se mêler fiction et réalité, la jeune femme part à la recherche de ce qui s’est réellement passé. Car, s’il y a une chose dont Eliza est sûre, c’est qu’elle n’a pas sauté dans cette piscine. Quelqu’un a tenté de la tuer.


Extraits : « Et puis, où allaient les enfants après leur mort ? Au ciel ? En existait-il une version pour enfants ? »

« Tu sais, ta mère ne réalise pas que le temps passé avec un enfant est éphémère. L’argent, ce n’est pas tout. Le travail, ce n’est pas tout. »


Mon avis : L’idée de départ était bonne, mais elle n’a pas eu l’effet escomptée sur moi : je suis restée hermétique à l’histoire, aux personnages et au style narratif de l’auteure. Eliza Fontaine est une jeune auteure à succès, qui vient d’échapper de justesse à la noyade. Persuadée que quelqu’un lui veut du mal et l’a volontairement poussée dans la piscine de l’hôtel où elle séjournait, elle part en quête de son assassin. Mais personne ne semble croire à sa version des faits, ses parents les premiers. Ils soutiennent que Eliza est malade, qu’elle a tenté d’attenter à ses jours par le biais de sa tumeur dégénérative. Pour ajouter à la confusion générale, Eliza semble souffrir d’une amnésie importante. Elle se perd dans ses souvenirs : elle en oublie des visages, des moments entiers du passé, des conversations, des lieux visités.

L’histoire est construite de façon à alterner un chapitre au présent et un chapitre qui relate des extraits des Dés, l’histoire écrite par Eliza. Nous avons donc une mise en abyme originale, une histoire dans une histoire, avec un personnage réel et l’autre imaginaire. Dans celle-ci, nous rencontrons Dot et sa tante Dorothy, qui sont très fortement liées, l’une semblant être une mère de substitution pour l’autre. Dot est malade, presque mourante, soutient sa tante. Cette dernière la veille continuellement et lui prodigue des instants de bonheur intenses et uniques, pour oublier les malheurs présents. C’est un personnage énigmatique, dont je me suis méfiée dès son apparition, un être vil, mesquin, qui dégage des ondes négatives et un terrible sentiment de terreur.

Un climat étrange flotte durant l’ensemble du récit. Nous sommes transbahutés entre la fiction et la réalité, ne sachant trop à quel saint se vouer. Plus nous avançons dans notre lecture, plus notre confusion augmente et plus la frontière entre ces deux espaces-temps s’amincit. Les similitudes entre Eliza et Dot se font de plus en plus ressentir, tant et si bien qu’au bout d’un certain temps, les deux jeunes femmes ne semblent faire plus qu’une. Nous pénétrons à tour de rôle leur âme, témoins de leurs plus vils aspects comme de leurs meilleurs côtés. Malheureusement, je n’ai pas ressenti d’attachement particulier, que ce soit à l’une ou à l’autre. Ce sont deux jeunes femmes complexes, tourmentées, difficiles à cerner, qui n’attirent ni sympathie ni empathie. Elles m’ont parues froides, sans émotions, toutes deux souffrants de psychoses violentes,

Vendu comme un thriller, je dirais plutôt qu’Elizas est un roman psychologique. Mettre l’accent sur les caractérisations intérieures des personnages, leur état d’âme, leurs conflits psychologiques, est un parti pris osé, qui, de ce fait, exclut toute forme d’action. Sans un minimum d’action venant rythmer l’histoire, j’ai trouvé que le récit s’éternisait en longueurs, avec une protagoniste qui se questionne, qui se cherche, qui sonde sa propre âme pour mettre à jour les secrets enfouis. Trop d’approximations, pas assez d’éléments concrets qui seraient venus me tenir suffisamment en alerte. Ajoutez à cela un dénouement totalement improbable, qui ne m’a absolument pas convaincu. Malgré que je ressorte déçue de cette lecture, je réessayerai avec grand plaisir de relire du Sara Shepard, mais dans son domaine de prédilection : les sagas jeunesse !


Un roman psychologique qui sonde les tourments intérieurs de deux protagonistes complexes. Un récit qui s’éternise en longueurs, prévisible, sans suspense, qui m’a souvent ennuyée.

Ma note : 3/10

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ISBN : 978-2-36812-309-6
Traduction : Amélie de Maupeaou

La vie rêvée des chaussettes orphelines


La vie rêvée des chaussettes orphelines de Marie Vareille

483 pages, éditions Charleston, à 8,90€


Résumé : En apparence, Alice va très bien (ou presque). En réalité, elle ne dort plus sans somnifères, souffre de troubles obsessionnels compulsifs et collectionne les crises d’angoisse à l’idée que le drame qu’elle a si profondément enfoui quelques années plus tôt refasse surface.
Américaine fraîchement débarquée à Paris, elle n’a qu’un objectif : repartir à zéro et se reconstruire. Elle accepte alors de travailler dans une start-up dirigée par un jeune PDG fantasque dont le projet se révèle pour le moins… étonnant : il veut réunir les chaussettes dépareillées de par le monde. La jeune femme ne s’en doute pas encore, mais les rencontres qu’elle va faire dans cette ville inconnue vont bouleverser sa vie.
Devenue experte dans l’art de mettre des barrières entre elle et les autres, jusqu’à quand Alice arrivera-t-elle à dissimuler son passé ?


Extraits : « La beauté n’est qu’une question de normes sociales dépendantes de ton époque, de ton milieu social et de tes origines géographiques, normes que la société te fait intérioriser dès ta naissance. Par ailleurs, toute apparence physique est éphémère. Choisir un partenaire sexuel pour sa beauté est par conséquent complètement con. »

« J’aime les bavards. Ils se chargent toujours de cette tâche épuisante de faire la conversation à ta place. »


Mon avis : C’est toujours un réel plaisir que d’ouvrir un Charleston, de surcroît écrit par Marie Vareille. Pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas, c’est une auteure française de chick-lit à succès, qui a notamment écrit Ma Vie, Mon Ex et autres calamités, que j’avais adoré, ou encore Je peux très bien me passer de toi, que j’avais également beaucoup apprécié. Elle revient en force avec un titre horripilant et déstabilisant : La vie rêvée des chaussettes orphelines.

Nous faisons la connaissance d’Alice, une jeune femme introvertie, qui souffre de réels problèmes psychiques liés à des traumatismes passés. Récemment débarquée de New York à Paris, elle déniche un travail dans une start-up au concept loufoque, celui de rassembler les chaussettes orphelines à travers le monde. Là-bas, elle va faire la rencontre de collègues détonnants, Victoire et son franc-parler, Reda et ses rêves d’Amérique, Chris, le patron rêveur et déterminé, mais surtout Jérémy, un ténébreux jeune homme, aussi intriguant que mystérieux. C’est encombrée de lourds secrets, qu’Alice va toutefois tenter de reconstruire sa vie et de se fonder une nouvelle identité, grâce à ses rencontres imprévues, qui vont bouleverser son quotidien.

C’est justement le message fort que je retiens de ce livre : les rencontres sont essentielles, elles apportent énormément, contribuent à notre bonheur et à notre épanouissement, qu’il soit personnel ou professionnel. La métaphore des chaussettes orphelines est d’ailleurs particulièrement sympathiques : seules, elles ne servent à rien. C’est seulement par paire, au contact d’une autre, que leur existence prenne tout son sens.

La vie rêvée des chaussettes orphelines intrigue par son titre, original, pétillant, extravagant, à l’image même de l’histoire. C’est frais, léger, mais aussi terriblement émouvant. Marie Vareille m’a vraiment surprise, grâce à un retournement de situation que je n’aurais jamais soupçonné. Et c’est ce qui m’a encore plus charmée : ce n’est pas qu’un roman chick-lit qui parle d’amour, c’est aussi un condensé d’émotions fortes, qui nous fait passer du rire aux larmes en une fraction de secondes.


Une comédie pétillante et légère, qui aborde des sujets intéressants, motifs à réflexion : la dépression, la solitude, la filiation… Sourires, larmes et bonheur sont au rendez-vous !

Ma note : 8/10

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ISBN : 978-2-36812-532-8

Un enfant à tout prix


Un enfant à tout prix de Pascale Rault-Delmas

287 pages, éditions Charleston, à 18€


Résumé : Hôtesse sur le Concorde, Isabelle est libre comme l’air, volant de pays exotiques en amants de passage. Lorsqu’elle rencontre le bel Andrew sur un Paris-New York, elle pense avoir enfin trouvé l’homme de sa vie. Au point d’essayer de lui faire un enfant, puisqu’il en rêve. Mais alors que le désir de maternité s’éveille peu à peu en elle, sa relation avec Andrew se dégrade. Si seulement elle arrivait à tomber enceinte, cela résoudrait tout, mais son corps s’y refuse.
Il lui faudrait un enfant. Un enfant à tout prix… Dans ce roman au rythme entêtant, Pascale Rault-Delmas explore, loin des clichés, les espoirs et blessures du désir d’enfant… jusqu’à l’obsession.


Extraits : « Isabelle vivait à cent à l’heure. Le revers de la médaille, c’était le désert de sa vie sentimentale. »

« Sincèrement, je pense que porter un enfant ne retire rien à la beauté d’une femme, bien au contraire ! Nous avons cette chance de pouvoir porter la vie, que beaucoup d’hommes nous envient. »


Mon avis : Ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi émue à la lecture d’un roman et pourtant, croyez-moi, j’en vois défiler des livres entre mes mains ! Nous faisons la connaissance d’Isabelle, hôtesse de l’air sur le Concorde, qui s’éprend d’un beau  passager régulier, Andrew. Ensemble, ils vont bâtir une histoire d’amour complice, seulement interrompue par leurs déplacements respectifs. Après plusieurs années de vie commune, Andrew ressent le besoin de devenir père… sentiment qui n’est malheureusement pas partagée par Isabelle, qui n’a pas encore ce besoin d’amour maternel. Mais, son amour pour Andrew surpassant son amour propre, elle va quitter son emploi d’hôtesse aérienne pour rester au sol et va entreprendre des démarches pour tomber enceinte… en vain. En parallèle, nous croisons Antoine et Agnès, en couple depuis de nombreuses années, ils essaient tant bien que mal d’avoir un enfant. Mais le combat est difficile et de longue haleine : ils décident alors de se tourner vers l’adoption.

Pascale Rault-Delmas brosse le portrait de tout type de femmes : celles qui se complaisent dans leur célibat, les mamans épanouies, seules ou en couple, les femmes libres d’obligations maternelles… C’est notamment cette dernière catégorie de femmes qui a retenue mon attention : dans notre société, les femmes qui ne désirent pas devenir mère sont souvent pointées du doigt. L’auteure cherche ici à déculpabiliser ces femmes, en leur prouvant qu’elles peuvent vivre pleinement leur vie en étant libre de choisir de devenir ou non une maman. 

L’auteure aborde également une autre thématique, bien plus douloureuse, les difficultés d’enfanter pour certaines femmes. Agnès et Antoine tentent d’avoir un enfant depuis de nombreuses années, par voie naturelle, puis par insémination. Malheureusement, malgré leurs nombreuses tentatives, aucune n’a fonctionnée jusqu’à maintenant. En parallèle, nous croisons Carole, une jeune fille de 18 ans à peine, qui, au bout de son premier rapport sexuel, tombe enceinte. Le corps est vraiment un outil spectaculaire, qui me surprendra toujours : il réagit différemment selon les personnes et les situations, sans pour autant nous donner d’explications satisfaisantes.

Enfin, le sujet de l’adoption est largement évoqué. Après leurs nombreux échecs, Agnès et Antoine décident de se tourner vers l’adoption. Suite à de nombreuses démarches administratives, ils adoptent une petite Coréenne, qui a été abandonnée par sa mère (dont la grossesse était considérée comme illégitime, dégradante et honteuse pour sa propre famille). Il m’a semblé que le processus d’adoption comme énoncé dans le livre n’est pas strictement le reflet de la réalité. Les démarches me semblent légères, rapides et simples… alors que dans mon imaginaire, je me représentais l’adoption comme un parcours du combattant, avec des notions de durée beaucoup plus longues.

J’ai beaucoup parlé des femmes dans cette chronique, je tenais également à souligner l’importance de la place des hommes dans le parcours de l’enfantement. Andrew en est un parfait exemple : désirant ardemment devenir père, il se montre néanmoins égoïste, absent et éloigné des démarches perpétrées par sa femme pour avoir un enfant. Ce manque de considération pour son combat les a menés à une séparation implacable. Heureusement, Andrew a su se rattraper par la suite, en se montrant attentionné avec sa petite fille. Je ne vous en dirais pas plus, vous laissant le plaisir de découvrir par vous-même cette incroyable histoire. Retenez surtout qu’un enfant se fait à deux et s’élève – dans le meilleur des cas -, à deux. L’homme a donc une place prépondérante dans le processus d’enfantement et, même s’il n’a pas ce lien indéfectible qui se créait entre une mère et son bébé, il a quand même un rôle important à jouer auprès de la mère – garant du soutien psychologique et émotionnel, aide face aux doutes, aux angoisses et questionnements qui peuvent surgir sur le chemin de la maternité -, et il doit se créer sa place comme père.

J’ai été très touchée par cette histoire, qui montre les réalités du quotidien dans le parcours d’enfantement. Depuis quelques années, on peut s’apercevoir d’une levée des tabous, avec notamment l’évocation de l’endométriose, qui est mise à l’honneur par des célébrités féminines qui en souffrent – pour ceux qui ne le sauraient pas, c’est une maladie chronique touchant 1 femme sur 10, qui rend la grossesse beaucoup plus difficile pour la femme. Parler de ces réalités, de ces combats pour enfanter, des parcours semés d’embûches pour devenir mère, de l’état d’esprit des femmes face à la grossesse, face aux diktats de la société, de la place des hommes dans ce chemin hasardeux… permet de renseigner, certes, mais surtout de déculpabiliser, de rassurer : vous n’êtes pas seule, vous êtes fortes, vous êtes femme avant tout et vous resterez femme quoi qu’il advienne ! 


Un magnifique roman, très émouvant, qui aborde les désirs d’enfants et les différentes situations des femmes face à la maternité. Un livre riche, bien documenté, plein d’amour et de bienveillance, qui m’a fait monter les larmes aux yeux. Je vous le recommande !

Ma note : 8,5/10

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ISBN : 978-2-36812-518-2