La fille dans le brouillard


La fille dans le brouillard de Donato Carrisi
347 pages, éditions Le Livre de Poche, à 7,30€


Résumé : Une jeune femme est enlevée dans un paisible petit village des Alpes. Le coupable est introuvable, et voilà que la star des commissaires de police, Vogel, est envoyé sur place. De tous les plateaux télé, il ne se déplace jamais sans sa horde de caméras et de flashs. Sur place, cependant, il comprend vite qu’il ne parviendra pas à résoudre l’affaire, et pour ne pas perdre la face aux yeux du public qui suit chacun de ses faits et gestes, il décide de créer son coupable idéal et accuse, grâce à des preuves falsifiées, le plus innocent des habitants du village : le professeur d’école adoré de tous. L’homme perd tout du jour au lendemain (métier, femme et enfants, honneur), mais de sa cellule, il prépare minutieusement sa revanche, et la chute médiatique de Vogel.


Extraits« Parce qu’il n’y a rien de pire qu’un cadeau qui n’arrive pas à son destinataire. Le bonheur qu’il contient pourrit lentement, contaminant tout autour de lui. »

« Le pouvoir du mal qui arrive à un autre, pensa Martini.
Il constituait un baume dans la vie des étrangers, qui redécouvraient ainsi la vraie valeur des choses. Par peur de les perdre, ils s’empressaient de les choyer, avant que quelqu’un ou quelque chose ne les emporte. »


Mon avis : J’ai découvert Donato Carrisi à travers Le tribunal des âmes, un polar complexe, qui m’avait moyennement emballé. Néanmoins, j’ai retenté ma chance avec La fille dans le brouillard, un polar psychologique moins violent, haletant et surprenant.

Anna Lou Kastner a disparue la veille de Noël. Cette jeune fille rousse aux tâches de rousseur est issue d’une famille très croyante, qui prie chaque jour Jésus pour que leur fille revienne saine et sauve à la maison. C’est le commandant Vogel, un policier expérimenté, qui est en charge de l’enquête. Escorté du lieutenant Borghi, ils vont tenter de comprendre ce qui est arrivé à Anna Lou. Très vite, ils se rendent compte que le professeur Martini, un homme pourtant sans histoire, à la vie rangée, père et mari aimé et aimant, enseignant de littérature passionné et érudit, devient le coupable numéro un. Mais pour quel motif aurait-il enlevé Anna Lou ? Le mystère reste entier.

Il n’y a que peu de scènes de violences dans ce polar. L’auteur l’oriente plus comme une histoire psychologique, où la peur et la tension constantes gouvernent le récit. On est rapidement happé par les scènes qui se jouent sous nos yeux, on se prend à conspirer pour trouver le coupable et son mobile. Le suspense est continu et c’est ce qui fait l’attrait principal du livre. L’auteur décortique également le pouvoir et le rôle des médias et de l’opinion publique dans le déroulé d’une enquête. On se rend compte avec effarement qu’ils ont une influence incroyable, un retentissement qui peut à la fois être néfaste ou bénéfique à une enquête. Dans le cas du commandant Vogel, il manipule la presse avec brio, complotant avec l’envoyée spéciale Stella Honer pour lui fournir des scoops (souvent peu avérés) en avant-première. Tout le monde y trouve son compte.

En effet, on ne peut pas réellement s’attacher aux personnages, qui nous semblent manquer cruellement de consistance. Les victimes – j’entends la famille de la jeune disparue -, ne nous font ressentir aucune pitié, aucune tristesse. Le commandant Vogel reste froid, détaché, distant. Quant au  professeur Martini, il plane au-dessus de lui un mystère qui nous empêche de voir réellement son vrai visage. En définitive, ce sont des personnages vides, qui sont là uniquement pour servir le suspense du récit.

Le dénouement est tout simplement génial. Un retournement de situation inattendu, comme on aime trouver dans ce genre d’histoire. Par cette fin spectaculaire, Donato Carrisi se place comme un maître de la surprise : chapeau l’artiste ! Mais (il y a un mais !), pour la prochaine fois, plus d’explications sur les crimes, leurs mobiles, les procédés employés… auraient été de bon aloi. Il est bon d’avoir des idées, mais il faut qu’elles soient cohérentes avec l’histoire en place.

Le livre de Donato Carrisi a été adapté au cinéma en 2017, sous le nom de « La regazza nella nebbia », puis traduit et diffusé en France sur Canal+. Je doute de le regarder un jour, puisque je connais déjà le fin mot de l’histoire, d’autant que la bande-annonce semble moins dynamique que le roman écrit.


Un polar psychologique où la peur gouverne le récit. L’histoire est attrayante, le suspense continu, mais les personnages peu attachants.

Ma note : 6,5/10

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ISBN : 978-2-253-08652-9
Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza

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