Tyler Johnson était là de Jay Coles
252 pages, éditions Le Livre de Poche jeunesse, à 5,90€
Résumé : Au début, on était quatre. Mes meilleurs potes, mon jumeau et moi. Nés dans un quartier où tout est moche, sale et criblé de balles, on s’en est plutôt bien tirés. Tyler est un gars cool et populaire. Je bosse dur pour sortir du ghetto. On peut être noir et réussir dans ce monde de blancs. En tout cas, c’est ce que je croyais. Jusqu’au jour où Tyler a disparu.
Extraits : « Pleurer libère. Pleurer t’aidera à dépasser la peine qui meurtrit ton coeur.
Le meilleur moment pour pleurer, c’est à la nuit tombée, aussi bizarre que ce soit. Quand toutes les lumières sont éteintes, quand il fait sombre, quand personne ne te voit. »
« Mama dit toujours qu’un homme fort n’est pas pareil qu’un homme bon : l’homme bon est difficile à trouver parce que les forts tournent mal. Les hommes bons forgent leur propre chemin, ils ne suivent jamais les autres. »
Mon avis : Marvin et Tyler sont jumeaux. Ils vivent dans un quartier malfamés du ghetto, sale, où pullulent la racaille, les dealers, les fusillades et les guerres de clans. Malgré tout, ils vivent heureux, entourés de leur Mama, de Ivy et G-Mo, leurs meilleurs amis, qui les soutiennent et les épaulent quotidiennement. Mais leur vie bascule le jour où Tyler disparaît, abattu injustement par un policier blanc. Dès lors, Marvin, inconsolable, souhaite médiatiser la mort de son frère pour se révolter contre le racisme, qui sévit trop souvent dans son quartier. Car la couleur de peau d’une personne ne définie pas sa personnalité, il souhaite prouver au monde entier que son frère était un bon garçon, bien loin des clichés préconçus.
Il est donc question de racisme. Une personne noire, doit-elle être traitée différemment d’une personne personne blanche, eut égard à sa couleur de peau ? Bien que la réponse soit évidente, la réalité en est tout autre. Les noirs sont stéréotypés, constamment jugés injustement. Lorsqu’ils pénètrent dans des boutiques, c’est forcément pour voler, lorsqu’ils se promènent en bande dans la rue, c’est un gang avec de mauvaises intentions… on les considère comme mal éduqués, avec peu d’instruction et peu d’ambition. Des images détériorées et négatives que les personnes de couleur souhaitent voir disparaître. Mais le chemin est encore long.
L’actualité mondiale le prouve aisément : en 2020 encore, la mort de George Floyd, un homme noir décédé des suites d’une interpellation policière violente, a soulevé un tollé dans le monde entier. Manifestations, émeutes… les noirs se rassemblent et réclament justice, allant jusqu’à lancer le mouvement #BlackLivesMatter, un hastagh abondamment repris sur les réseaux sociaux du monde entier. Avec Tyler Johnson était là, Jay Coles s’inscrit dans la dynamique des protestations et pointe plus que jamais les violences policières injustifiées envers les personnes de couleur noire. Marvin organise des manifestations massives pour informer des dérives et de l’abus de pouvoir de certains hommes de lois. Une démarche pleine de bon sens… qui malheureusement, à vite tournée à la décrépitude.
L’histoire est engagée et engageante, le combat mené par Marvin, sa mère et ses meilleurs amis est juste et justifié, honorable et criant de vérité. Néanmoins, bien que je respecte et conçoit totalement les conséquences de ces révoltes, je n’ai pas été spécialement touchée par les personnages, ni par l’histoire en générale. Il m’a manqué un semblant d’empathie de la part des protagonistes, des émotions moins contenues, le grand frisson, l’adrénaline, l’intensité des récits engagés.
De même, certains aspects de l’histoire étaient bien trop stéréotypés à mon goût, notamment les policiers, souvent pointés du doigt et tous plongés dans un même sac. Si l’on en croit Jay Coles, ils sont tous violents, impulsifs, racistes, manquant de discernement et d’intelligence. Des caractéristiques bien trop radicales, qui ne reflètent que peu la réalité quotidienne. Finalement, sans nuances suffisantes, j’ai terminé ma lecture en ayant la vision de deux clans disjoints qui s’affrontaient : les blancs versus les noirs, les uns haïssant tout autant les autres. Bien que l’auteur se voulait pacifique et informatif, j’ai quand même eu le sentiment d’une guerre raciale prégnante et durable.
Un roman jeunesse engagé contre le racisme et les violences policières, qui tente de changer notre regard sur ces pratiques, encore bien trop actuelles. Bien écrit, mais certainement pas le meilleur livre traitant de ce sujet.
Ma note : 6,5/10
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ISBN : 978-2-01-713420-6
Traduction : Brigitte Hébert
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