La rumeur qui me suit


La rumeur qui me suit de Laura Bates
333 pages, éditions Casterman, à 16€


Résumé : Anna, seize ans, accepte d’envoyer une photo de ses seins nus à son petit-ami. Le lendemain, celui-ci la diffuse sur Facebook et tout le lycée la voit. Anna commence alors à être harcelée. Des rumeurs circulent sur son compte…Pour mettre fin à ce cauchemar, Anna et sa mère quittent Londres et s’installent en Ecosse. Nouveau nom, nouvelle ville, nouveau lycée : rien ne peut la relier à son passé. Sauf qu’un jour, elle entend « p*te » dans les couloirs, et tout recommence…


Extraits : « Comme la rumeur, le feu est sournois. On crois parfois l’avoir éteint, et pourtant il suffit d’une infime flammèche rouge, d’une fine volute de fumée pour qu’il reprenne vie d’un coup. Surtout si quelqu’un guette, prêt à l’attiser. »

« Je fais des listes. Les listes me rassurent. On peut se raccrocher à une liste. Peu importe ce qu’il y a dessus. »


Mon avis : Laura Bates s’attaque à une thématique actuelle, que beaucoup d’auteurs jeunesse abordent dans leurs ouvrages : le harcèlement scolaire. Anna est une jeune lycéenne mystérieuse et solitaire, qui vient de déménager en Écosse pour fuir son passé. Malheureusement, ce dernier l’a quand même rattrapé : l’ensemble de ses nouveaux camarades sont au courant de ce qui lui est arrivé dans son ancien lycée. Anna a envoyé des photos dénudées à son ex petit copain, qui les a divulgué sur Internet sans son consentement. Elle doit maintenant assumer une image dégradante et subir le regard moqueur de ses camarades.

L’histoire d’Anna est un bel exemple de la perversion des réseaux sociaux. L’auteure met en garde contre l’utilisation abusive et malsaine des réseaux, leur pouvoir incommensurable, qui s’étend bien au-delà de ce que l’on peut imaginer. Anna a envoyé une photo intime à un garçon, sans penser aux conséquences désastreuses que son geste pouvait avoir. Résultat : la photo se retrouve divulguée sur la toile, au vu et au su de tous, associée à tout jamais à l’identité d’Anna. S’ensuivent des moqueries quotidiennes, des jugements superficiels, des regards en coins, des insultes incessantes. Autant d’actes nuisibles et malsains, qui ruinent le moral et le quotidien d’Anna. L‘aspect psychologique est bien détaillé, on se rend compte de l’ampleur de la catastrophe dans laquelle est plongée Anna. Mais ses mercenaires ne s’arrêtent pas là : ils usurpent son identité pour divulguer de fausses informations sur elle, ils crée des photomontages dégradantes et obscènes, dévoilent des secrets intimes et blessants.

Je ne pense pas garder une trace impérissable de cette histoire. Elle se lit facilement, elle est agréable à parcourir, mais pas exceptionnelle non plus. Somme toute, on reste assez éloigné des personnages, notamment d’Anna, que j’ai eu du mal à cerner. Le fait est qu’elle est très mystérieuse, qu’elle intériorise ses émotions, sans rien laisser transparaître. On en apprend très peu sur son passé, seulement des bribes de souvenirs dissimulés ici et là, qui ne nous permettent pas de dresser un portrait global général de son personnage. Raison pour laquelle j’ai eu du mal à accrocher entièrement avec elle. Néanmoins, j’ai compatis pleinement à ses problèmes.

Quant à la thématique centrale, j’ai pu la découvrir dans d’autres ouvrages, qui étaient peut-être un peu plus travaillé et fouillé que celui-ci. Je pense notamment à #scandale de Sarah Ockler, qui traitait de la même thématique : des photos qui fuient sur Internet et détruisent la vie d’adolescents trop naïfs. Je garde un bon souvenir de l’histoire, mais surtout de la manière dont était abordée la thématique, de façon concrète, précise, en insistant avec vraisemblance et bienveillance sur les dangers réels auxquels s’exposent les jeunes avec Internet et les réseaux sociaux.

Pour en revenir à La rumeur qui me suit, Laura Bates fait un parallèle assez intriguant entre l’histoire actuelle vécue par Anna et une histoire qui s’est passée dans les années 1650, vécue par une jeune écossaise, persécutée par les villageois parce qu’elle était enceinte hors mariage. J’ai eu quelque peu du mal à comprendre les raisons qui ont poussées l’auteure à introduire cette histoire parallèle à la première, d’autant qu’elle y glisse quelques éléments paranormaux, qui n’ont pas été à mon goût. Des histoires de sorcelleries qui n’apportent rien au récit, éparpillent le lecteur, plongé en pleine confusion entre ces deux histoire et amoindrissent considérablement l’impact de la thématique initiale. 


Laura Bates met en garde son jeune lectorat sur les dangers d’Internet. Une histoire agréable à découvrir, mais pas exceptionnelle, qui manque de profondeur et de dynamisme.

Ma note : 5/10

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ISBN : 978-2-203-06262-7
Traduction : Céline Laurent

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