La jeune fille à la perle


La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier

313 pages, éditions Folio


Résumé : La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l’âge d’or de la peinture hollandaise. Griet s’occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s’efforçant d’amadouer l’épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.
Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l’introduit dans son univers. À mesure que s’affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville…
Un roman envoûtant sur la corruption de l’innocence, l’histoire d’un coeur simple sacrifié au bûcher du génie.


Extraits : « Disons qu’elle n’est pas belle, mais qu’il la rend belle, ajouta-t-elle. Ça devrait se vendre un bon prix. »

« – […] Et maintenant, quelles couleurs voyez-vous dans les nuages ?
– J’y vois du bleu, répondis-je, après les avoir étudiés quelques minutes. Et aussi du jaune. Et même un peu de vert ! » Je les montrai du doigt, excitée que j’étais. Toute ma vie, j’avais vu des nuages mais j’eus à cet instant l’impression de les découvrir. »


Mon avis : La jeune fille à la perle est un roman historique et intemporel sur la création du tableau du même nom, par le célèbrissime Johannes Vermeer. Souvent étudié dans les écoles, j’aurais été ravie de pouvoir le découvrir dans ce cadre, pour approfondir davantage cette lecture, qui m’a enchantée.

Vermeer est un peintre hollandais du XVIIème siècle, peu connu de son vivant, dont les oeuvres ont été mises en lumière seulement à la moitié du XIXème siècle, grâce à un critique d’oeuvres d’art. Vermeer est essentiellement reconnu pour ses scènes de genre, qui représentent la vie domestique avec familiarité, naturel et poésie. La jeune fille à la perle, La laitière, ou encore L’astronome, comptent parmi les tableaux les plus célèbres au monde.

Portrait de Johannes Vermeer

Tracy Chevalier s’appuie sur des éléments historiques et biographiques liés à Vermeer et y associe avec habileté des composants fictionnels pour écrire son roman. Ainsi, nous découvrons avec bonheur la vie de Veermer à travers Griet, jeune demoiselle de seize ans qui entre au service de la famille Vermeer. Nous faisons la connaissance de Catharina, la femme de Vermeer, leur nombreuse progéniture, ainsi que Maria Thins, la mère de Catharina, qui vivent tous ensemble dans le petit village de Delft. Griet n’est pas la seule servante à servir la famille, puisque Tanneke travaille également dans la maison familiale pour Maria Thins depuis de nombreuses années. Griet s’intègre difficilement à cette maisonnée, les membres de la  famille semblant être assez réticents à l’idée d’accueillir une nouvelle servante dans leur intimité, certains comme la jeune Cornelia allant même jusqu’à lui faire de mauvaises farces pour la discréditer aux yeux du couple Vermeer. Mais Griet a besoin de ce travail et du faible revenu qui lui revient chaque semaine pour aider ses parents. Son père, faïencier de son métier, est devenu aveugle des suites de son difficile labeur. Sa mère ne pouvant pas subvenir convenablement à leurs besoins, c’est Griet qui vient compenser le manque financier de ses parents.

Vue de Delft (Pays-Bas)

Tracy Chevalier retrace avec subtilité une vie de village des années 1660. Dans le petit village de Delft, Griet sort chaque jour au Marché pour s’approvisionner en viandes, ou chez l’apothicaire, pour ramener des ingrédients utiles à Vermeer pour peindre ses oeuvres. Le village est animé, on ressent avec bonheur ce petit centre vivre : c’est un réel plaisir que d’être transporté au coeur d’un quotidien ordinaire et simple comme celui-là. C’est d’ailleurs au marché aux viandes que Griet fera la connaissance de Pieter fils, le boucher. Un jeune homme un peu plus âgé qu’elle, aux premiers abords frustre, mais bienveillant envers la jeune femme et ses parents. Il accorde beaucoup d’attentions à Griet, lui faisant plus ou moins subtilement sentir tout l’intérêt qu’il accorde à sa personne.

Mais Griet est entièrement focalisée sur le peintre Vermeer, qui la fascine littéralement. Ce mystérieux homme, solitaire, constamment enfermé dans son atelier, va laisser à Griet le loisir de pénétrer son intimité. Elle deviendra sa secrétaire, l’aidera dans ses préparations de toiles, avant de finir par poser pour lui. Des tâches quotidiennes loin de ses obligations de servantes, qui ne raviront pas Catharina, la femme du peintre, jalouse du lien indicible qui se créait entre son mari et cette servante.

On se plait à prendre comme acquises les explications données par Tracy Chevalier sur cette magnifique oeuvre d’art qu’est La jeune fille à la perle. Malheureusement, la réalité est toute autre : la jeune fille représentée est anonyme, peut-être une des filles du peintre. Les hypothèses  sur son identité vont bon train, mais nul ne n’aura jamais le fin mot de l’histoire.

La jeune fille à la perle (1665-1667)

Jalousies, réprimandes, secrets, sont le lot quotidien de Griet. Ajoutez à cela l’attention toute particulière que lui confère Van Ruijven, un riche commerçant d’art, également ami des Vermeer. Du haut de son misérable statut de servante, Griet ne peut que se plier aux exigences de ses maîtres, obéir sans vergogne sans jamais faire de reproche. On ressent avec affliction l’étendue de la servitude et la dépendance financière et émotionnelle de Griet à leur encontre : sa précarité sociale ne lui permettait pas de s’affirmer.

Le Concert (1664-1667)

C’est avec bonheur que j’ai découvert plus en détails la vie du peintre Vermeer. C’est un personnage énigmatique, que l’on peine à cerner, qui semble être étranger même à sa propre famille. Il évolue comme dans une bulle artistique, n’exprime pas ses émotions par des paroles ou des gestes, mais il les réserve dans ses peintures, qui parlent d’elles-mêmes. Il allie avec merveille l’ombre et la lumière, il positionne avec minutie le décor, il fait en sorte de créer de l’émotion, de l’immédiateté, du mouvement, une sorte d’illusion de la vie. Appliqué et méthodique, jouant avec subtilité et minutie de ses pinceaux, une seule de ses toiles pouvait lui prendre près de quatre mois. Un manque de productivité critiqué par sa femme : sans entrée d’argent, difficile de nourriture les nombreuses bouches de sa progéniture et de rembourser les dettes accumulées. J’ai pris beaucoup de plaisir à voir travailler Vermeer, je me suis sentie privilégiée, presque intime avec le peintre.

Au vu du succès international de ce roman, l’oeuvre a été adaptée au cinéma en 2003, avec un casting de choix : Scarlett Johansson dans le rôle principal, et Colin Firth dans celui du peintre. Une adaptation saluée par la critique, que je me ferais une joie de découvrir prochainement !


Un roman historique passionnant, qui met en lumière la vie du peintre Vermeer à travers Griet, la jeune fille à la perle. Un chef-d’oeuvre littéraire et artistique !

Ma note : 10/10

Pour lire plus d’avis

 

ISBN : 2-07-041794-8
Traduction : Marie-Odile Fortier-Masek

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7 réflexions sur “La jeune fille à la perle

  1. A Little Bit Dramatic dit :

    Le livre est aussi beau que son adaptation. 🙂 Tracy Chevalier, en partant de cette oeuvre si célèbre mais en même temps tellement mystérieuse, a apporté une explication certes imaginaire mais que l’on souhaiterait vraie, tant l’histoire de Griet est belle et touchante.

    Aimé par 1 personne

    • analire dit :

      Je n’ai pas encore vu l’adaptation, mais je pense la regarder très prochainement ! On est d’accord, ce livre est passionnant, très bien écrit et il apporte un éclairage historique sur Vermeer qui m’a séduit !

      J’aime

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