« Oh… »


« Oh… » de Philippe Djian

241 pages, éditions Folio, à 9,10€


Résumé : « Décembre est un mois où les hommes se saoulent – tuent, violent, se mettent en couple, reconnaissent des enfants qui ne sont pas les leurs, s’enfuient, gémissent, meurent… »
« Oh… » raconte trente jours d’une vie sans répit, où les souvenirs, le sexe et la mort se court-circuitent à tout instant.


Extraits : « Aujourd’hui, avec le recul, je peux dire que la solitude est le plus beau cadeau du monde, le seul refuge. »

« Rien de pire que cette sensation de temps stupidement perdu quand on referme un mauvais manuscrit.« 


Mon avis : Je souhaitais depuis longtemps découvrir la plume de ce célèbre auteur français, aux succès littéraires manifestes, également connu pour être le parolier du célèbre chanteur suisse Stephan Eicher. C’est maintenant chose faite avec « Oh… », lauréat du Prix Interallié 2012, que j’ai lu dans une magnifique version éditée par Folio, contenant un sublime coffret en dur renfermant le livre à l’intérieur.

Tout l’intérêt de « Oh… » se trouve dans la psychologie des personnages plutôt que dans l’intrigue en elle-même.Philippe Djian est un homme de lettres, qui aime manier les mots et jouer avec eux pour emmener le lecteur dans des univers insoupçonnées. Dans son récit, il narre trente jours de la vie d’une femme. Cette femme peut, pour certains, avoir une existence banale : elle a une cinquantaine d’années, elle est divorcée, mais en bons termes avec Richard, le père de son fils unique, Vincent. Celui-ci est en couple avec Josie, qui attend un enfant d’un autre homme, aujourd’hui en prison. Vincent est immature, naïf, un peu égoïste, tête en l’air et simplet, ce qui n’empêche pas sa mère de l’aimer et de l’aider (financièrement, surtout !). Les parents de cette dernière sont également séparés : sa mère Irène fait une cure de jouvence, enchaînant les jeunes conquêtes, au grand dam de sa fille. Quant à son père, il exécute une peine de prison pour avoir assassiné des dizaines d’enfants. Une famille loin d’être ordinaire, donc.

En parallèle, notre narratrice est l’heureuse co-directrice d’une agence de production qu’elle a bâtie avec Anna, sa meilleure amie depuis près de vingt ans. Mais comme la vie de notre héroïne n’est pas ordinaire, cette dernière couche depuis plusieurs années, sans aucune honte, avec le mari d’Anna, sans que cette dernière ne soit au courant. La vie sentimentale de notre narratrice n’est pas de tout repos, puisqu’il semblerait qu’elle entretienne un lien étrange avec son voisin d’en face, pourtant marié.

Dans « Oh… », c’est l’émotion et le style littéraire qui prime, plutôt que l’action et l’histoire. Philippe Djian veut faire ressentir des choses aux lecteurs, à travers une stylistique originale et un style épuré, qui m’ont un peu déstabilisés au début. Point de chapitre venant morceler son récit, mais un texte continu, où le temps passe sans vraiment qu’on s’en aperçoive. Les moments de vie et les péripéties s’enchaînent avec fluidité, l’auteur sachant manier les mots avec dextérité et élégance.

J’ai vraiment adoré la plume de l’auteur, mais je dois vous avouer que certaines scènes sont quand même surréalistes, trop exagérées et m’ont quelque peu choquées. C’est le cas du père  de notre protagoniste, responsable de la mort de dizaines d’enfants d’un club Mickey, qu’il a sauvagement assassiné sans aucune raison. Je n’ai pas vraiment compris où souhaitait en venir l’auteur en intégrant une telle anecdote. Il en est de même concernant les viols subit par notre narratrice : peut-être Philippe Djian voulait-il mettre en avant l’incongru, le choquant, l’horreur, qui, dans notre monde du XXIème siècle, nous semble maintenant faire partie du quotidien ? C’est une hypothèse tout à fait plausible.

Je suis quand même bien embêtée pour écrire cette chronique, puisque je ne sais pas vraiment ce que j’ai pensé de « Oh… ». C’est un texte déstabilisant dans ce qu’il a d’original, de transgressant, d’atypique. L’auteur a réalisé une prouesse stylistique que je salue, mais sa mission n’est qu’à demi-remplie, puisque je n’ai pas ressenti énormément d’émotions en lisant ses mots. Peut-être un peu de dégoût à certains moments, quelques frayeurs ou haussement de sourcils sceptiques. Mais c’est tout.


Philippe Djian nous raconte trente jours de la vie d’une femme. Un roman déstabilisant, qui transgresse les règles d’écriture pour former un tableau surréaliste et percutant sur des horreurs du quotidien devenus banalité. 

Ma note : 6/10

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