Otages


Otages de Nina Bouraoui

151 pages, éditions JC Lattès, à 18€


Résumé : « Je m’appelle Sylvie Meyer. J’ai 53 ans. Je suis mère de deux enfants. Je suis séparée de mon mari depuis un an. Je travaille à la Cagex, une entreprise de caoutchouc. Je dirige la section des ajustements. Je n’ai aucun antécédent judiciaire. »
Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, solide, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l’a quittée, elle n’a rien dit, elle n’a pas pleuré, elle a essayé de faire comme si tout allait bien, d’élever ses fils, d’occuper sa place dans ce lit devenu trop grand pour elle.
Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n’a pas protesté : elle a agi comme les autres l’espéraient. Jusqu’à ce matin de novembre où cette violence du monde, des autres, sa solitude, l’injustice se sont imposées à elle. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu’elle fait est condamnable, passable de poursuite, d’un emprisonnement mais le temps de cette révolte Sylvie se sent vivante. Elle renaît.
Un portrait de femme magnifique, bouleversant : chaque douleur et chaque mot de Sylvie deviennent les nôtres et font écho à notre vie, à notre part de pardon, à nos espoirs de liberté et de paix.


Extraits : « Mon temps me semble compté, précieux. Je me sens si souvent emportée, bousculée, moi qui aimerais parfois regarder le ciel et les nuages qui passent, m’allonger dans les bois, fermer les yeux, sentir le feu de la terre.« 

« J’ai cherché la joie comme une folle, parfois je l’ai trouvée et puis elle s’est envolée tel un oiseau, alors j’ai fait avec, j’ai continué, sans trop me plaindre ou si peu.
C’est encombrant la plainte, pour soi, pour les autres. C’est vulgaire aussi et ça prend du temps. »


Mon avis : En 2015, Nina Bouraoui écrit Otages, une pièce de théâtre, qui sera interprétée et mise en scène à plusieurs reprises, en 2015, 2016 puis 2019. Elle décide de reprendre son texte et d’y apporter quelques modifications, plus attachées aux changements de notre monde.

L’histoire, c’est celle de Sylvie Meyer, une femme d’une cinquantaine d’année, mère de deux enfants, récemment séparée de son mari, elle travaille comme dirigeante de la section ajustement d’une entreprise de caoutchouc. En somme, une vie tout à fait banale, jusqu’à ce que son patron lui demande de faire la liste d’effectifs à licencier. C’est à partir de ces choix, cruciaux pour l’entreprise mais cruel pour elle et le personnel, que la vie de Sylvie et sa façon de voir son quotidien vont basculer à tout jamais.

À travers le portrait de Sylvie, c’est le portrait de millions de femmes qui sera dépeint : des femmes seules, courageuses, victimes de la misogynie des hommes, victimes de leur condition de femme, de la solitude, du regard des autres. La femme est l’otage de la société, l’otage des hommes, l’otage de ses fonctions sociales, retenue par ses obligations familiales, par la nécessité de subvenir au besoin de ses enfants. Sylvie, tout comme l’ensemble des femmes, tout comme moi, tout comme vous peut-être, sommes des otages consentantes. Une analyse glaçante de réalisme, qui m’a fait me questionner sur bon nombre de sujets de société.

Le récit en lui-même aurait pu sembler simple, si ce n’est que l’écriture de Nina Bouraoui, pure, violente, percutante, émouvante, fait l’ensemble de l’oeuvre. J’avais à peine lu deux pages que j’avais les larmes aux yeux. L’auteure a réussi à me toucher en plein coeur avec la puissance de ses mots.


Otages, c’est le portrait bouleversant d’une femme qui se révolte. Un texte incisif et percutant  qui vous touchera en plein coeur.

Ma note : 8/10

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