J’ai avalé un arc-en-ciel


J’ai avalé un arc-en-ciel de Erwan Ji

383 pages, éditions Nathan, à 16,95€


Résumé : Je m’appelle Capucine, mais on m’appelle Puce. J’ai dix-sept ans, la peau mate et un accent de Montpellier. Enfin, l’accent, c’est quand je parle français. Je vis aux États-Unis depuis que j’ai trois ans. Cette année, il m’est arrivé un truc phénoménal. Retournement de vie, frisson géant, secousse cosmique, vous appelez ça comme vous voulez, mais la vérité… c’est que j’ai avalé un arc-en-ciel.


Extraits « Si vous lisez ces lignes, vous êtes tombé sur mon blog. C’est un drôle de mot, blog. Si mon grand-père s’était demandé ce que ça veut dire, il se serait mouillé le doigt et aurait tourné les pages de son épais dictionnaire. Moi, j’ai tapé le mot sur Google. C’est ça, le progrès. On n’a plus besoin de se mouiller le doigt.« 

« Parfois, je m’entends parler, et je n’aime pas qui je suis. Ou plutôt, je n’aime pas la version de moi que je suis en train d’être. Ça dépend à qui je parle. La conversation, c’est comme le tennis, on s’adapte à l’autre. J’aime mes amis parce qu’ils me permettent d’être une version de moi que j’apprécie. D’une certaine façon, à travers eux, c’est moi que j’aime.« 

Mon avisLa couverture multicolore ne laisse aucun doute sur la thématique centrale du roman : l’homosexualité. Un sujet à la pointe de l’actualité, malheureusement encore tabou dans certains milieux, mais qui tend à se démocratiser de jour en jour.

Capucine – surnommée Puce par ses amis intimes -, est une jeune lycéenne de dix-sept ans, française expatriée aux Etats-Unis. Elle vit une ville banale, entourée de ses amis les plus proches – Soupe, Sara, Vaneck… et j’en passe. Alors qu’ils sont en phase d’intégrer le lycée pour leur dernière année de secondaire, Aiden, une jeune femme mystérieuse, au style vestimentaire intriguant et aux dreadlocks sur la tête, débarque dans leur école. La petite troupe va rapidement intégrer Aiden à leur groupe, qui va devenir leur amie. Mais les frontières entre l’amitié et l’amour sont bien minces ; Puce va s’en rendre compte à ses dépends.

L’histoire est racontée sous forme de journal intime électronique. Notre narratrice et protagoniste, Puce, raconte ses journées sur son blog, en tachant d’écrire dans sa langue natale, le français, pour éviter que ses camarades ne puissent comprendre ce qu’elle raconte. Grâce à cette forme de narration, un lien privilégié va naître entre lecteur et narratrice. En effet, Puce écrit son histoire à la première personne du singulier et apostrophe souvent le lecteur, lui révélant ses petits secrets, lui parlant de tout et de rien à coeur ouvert, on se sent proche d’elle, très complices. Alors forcément, on s’attache facilement à cette jeune adolescente dans la fleur de l’âge, gentille mais fragile, qui cherche encore à se connaître.

C’est un roman frais et moderne, qui survole les stéréotypes et les idées-préconçues, en racontant avec douceur la naissance d’une histoire d’amour entre deux personnes de même sexe. L’histoire aurait pu paraître banale, comme la naissance d’un amour entre deux personnes quelconque. Or, ici, c’est plus qu’un amour qui naît. Puce se découvre, apprendre à se connaître, se dévoile à ses amis, à ses parents, aux lecteurs. C’est une sorte de résurrection personnelle. L’histoire est raconte avec douceur et bienveillance, sans jugement, sans critique. C’est très émouvant.

En revanche, petit bémol concernant le jeu de l’Assassin, qui apparaît vers le milieu du récit. Chaque année, ce jeu est organisé, et consiste à « tuer » sa cible (prédéfinie en avance) avec des pistolets à eau. Le gagnant remporte une somme d’argent rondelette. Même si ce jeu apporte plus de dynamisme à l’histoire, je ne l’ai pas trouvé à sa place. Bien trop malveillant et cruel (les élèves n’hésitaient pas à se faire des crasses et à se blesser moralement pour arriver à leurs fins) ; des valeurs qui contrastent grandement avec l’histoire d’amour doucereuse qui naissait sous nos yeux.


Joli récit, plein de douceur et d’élégance, dans lequel on suit Puce, jeune américaine en quête d’identité sexuelle. Un roman touchant, sorte d’arc-en-ciel de bonheur dans un monde bien trop sombre. 


Ma note : 7/10

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