La vie de Lazarillo de Tormès

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La vie de Lazarillo de Tormès
240 pages, éditions GF-Flammarion, à 7€

 

Résumé : En 1554, on publie simultanément à Burgos, Alcala et Anvers, une courte biographie anonyme La vida de Lazarillo de Tormes : oeuvre surprenante qui retrace non les amours d’un berger ou les exploits d’un chevalier, mais la vie d’un va-nu-pieds. Après un triomphe initial, l’ouvrage va figurer sur la liste des livres interdits. Peine perdue, le succès ne s’est pas démenti, jusqu’à nos jours. Lazare, le héros, est un personnage très nouveau, un gueux, un picaro ! Il tourne en dérision les valeurs fondamentales de la société espanole : foi et honneur. Lazare est un espagnol pauvre, qui porte un regard ironique sur la société et met à nu la dureté, l’hypocrisie et le cynisme du monde. Voleur d’andouilles ou perceur de coffres, le picaro ne se paye pas de mots : la vérité n’est pas celle qu’on dit. Pour survivre, il faut aller voir de l’autre côté de la vie, selon l’expression de Céline.

 

Mon avis : La vie de Lazarillo de Tormès est considéré comme l’un des romans fondateurs du genre picaresque. En effet, le narrateur est interne et omniscient, c’est le protagoniste éponyme lui-même qui fait une autobiographie générale de sa vie, la retraçant dans les grands épisodes. Même si les chapitres sont séparés et ne contiennent pas de connecteurs logiques, les petites histoires s’enchaînent avec fluidité et régularité.

Concernant l’auteur de ce roman, il a voulu rester dans l’anonymat. Plusieurs hypothèses circulent concernant ce choix, notamment sur le fait que l’auteur a pût être un juif forcé de se convertir au christianisme par le gouvernement Espagnol. Dans un contexte d’âge d’or de l’Espagne, à l’apogée de son système économique, l’auteur retrace avec tristesse les personnes oubliées, qui ne profitent pas de cette riche ascension, et restent dans la misère la plus totale.

Pour apporter du poids à son récit, le protagoniste Lazarillo est plongé directement, dès sa naissance, dans la plus grande détresse matérielle. En effet, il naît dans un ruisseau, avec un père en prison, et une mère obligée de fréquenter un homme de couleur pour pouvoir survivre. Aucun sentiment ne pointe, ne serait-ce que de l’amour envers son enfant. Bien au contraire, la mère vend Lazarillo à un aveugle, alors même qu’elle travaille dans une auberge où celui-ci loge.

Commence alors une longue aventure mouvementée, où le jeune homme passe de main en main, de maître en maître, et tente au mieux de survivre. Dans cette pauvreté monstre, Lazarillo comporte néanmoins un trésor bien précieux : la ruse. En effet, dès sa première rencontre avec son maître l’aveugle, les tours ne manquent pas. Plus les pages défilent, plus les ruses se multiplient, seul moyen de contrer le manque de nourriture et de pouvoir manger à sa faim.

On voit donc dans ce livre une virulente critique des moeurs espagnoles, notamment de la classe montante, qui en oublie les pauvres. Dans cette classe montante se trouve les hommes d’églises, qui sont montrés de manière négative dans La vie de Lazarillo de Tormès, ils se détournent de leurs droits, ils en deviennent hypocrites et avares. C’est donc une satire anti-cléricale, doublée d’un humour noir sur la condition dégradée et tragique du personnage, qu’a retracé ici l’auteur anonyme.

Un très bon roman, qui se lit facilement, avec la particularité de comporter le texte source en espagnol et sa traduction française par Bernard Sesé. J’ai bien aimé le ton employé, le tracé méthodique de la vie du héros, et le contexte spatio-temporel dans lequel s’écrit ce livre. Etudié en cours de littérature comparée d’espagnol, je ne regrette absolument pas cette découverte.

Ma note : 7,5/10
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